Le chef de la junte au pouvoir à Niamey, le Général Abdourahmane Tiani a rallumé des étincelles le 11 Juillet dernier lors d’un échange avec la presse en évoquant la question de la présence des pays de l’AES au sein de l’espace monétaire de l’UEMOA. “La monnaie est un symbole de souveraineté et nous sommes engagés dans un processus de recouvrement de notre souveraineté totale”, a lâché le tombeur de Mohamed Bazoum en s’adressant aux confrères de la télévision nationale du Niger.
Le retrait des trois pays membres de la confédération des états du Sahel portée sur les fonts baptismaux le 06 Juillet, est logiquement la prochaine étape attendue par l’ensemble des observateurs dans le processus de rupture entre ces pays sous la férule de pouvoirs militaires et la CEDEAO. Pour l’heure, la confédération paraît hésitante à franchir le pas à en juger par les propos du numéro 1 de la junte du CNSP, qui rétorque que “Chaque chose en son temps”.
Sortir du FCFA, c’est selon lui “une étape de sortie de la colonisation”. Avec le retrait définitif et irrévocable de la CEDEAO, l’opportunité est plus que jamais donnée aux Aésiens de se libérer du joug monétaire afin que “nos états ne soient plus la vache à lait de la France”, comme accuse le dirigeant Nigérien. Et si avec la même précipitation qui les a éjectés de la CEDEAO, ils sortaient de la zone FCFA? Enfin, la “souveraineté totale” serait recouvrée.
Et plus jamais, on n’entendrait parler de la France, l’éternel bouc émissaire. Pour justifier la persistance, sinon le pourrissement de la crise sécuritaire à l’intérieur de leurs frontières, les régimes militaires de l’AES continuent à crier à la culpabilité de la France. On reproche même aux états côtiers, en l’occurrence, la Côte d’Ivoire et le Bénin leur coopération militaire avec Paris.
Autant le Burkina Faso, le Mali et le Niger sont libres de céder leur souveraineté militaire à la Russie, autant les autres pays de la sous-région ont le droit de s’attacher la coopération militaire de tous les partenaires qu’ils jugent viables pour la consolidation de leurs politiques sécuritaires. Tiani, Goïta et Traoré ont dès lors, la latitude d’abandonner le FCFA sans contrainte aucune.
Ni la France, ni la CEDEAO, ni aucune autre organisation supra-nationale ne tentera de faire obstruction à la mise en place d’une monnaie Aésienne. Bien au contraire. Dans chacun des trois pays, il existe des experts monétaires suffisamment formés par l’Occident et qui sont capables à minima de mettre à exécution les velléités souverainistes de leurs dirigeants.
Parallèlement, la CEDEAO poursuit la réalisation du chantier de création de l’Eco, un régime monétaire qui à l’évidence s’en trouvera mieux renforcé en l’absence de pays plombés par un terrorisme insurmontable. Pourquoi attendre alors qu’on peut battre le fer quand il est chaud?
Raoul Mobio