Valérie Yapo, cadre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire qui a assigné le PDCI en justice a affirmé que « les ragots, les railleries ne (lui) disent rien », assurant être « dans la vérité », dans une interview à ALERTE INFO.
Après votre conférence de presse vendredi, lundi, vous étiez aux côtés de Jean-Louis Billon pour sa conférence de presse, est-ce que cela ne confirme pas le fait que vous êtes de connivence avec lui ?
M. Jean-Louis Billon et moi étions au secrétariat exécutif pendant sept années, nous nous connaissons depuis des années. Je suis venue parce qu’il défend le respect des textes, et ça c’est mon combat. Si d’autres cadres m’invitent à une conférence où on parle de respect des textes au sein du PDCI, je serai présente.
Cela n’a rien avoir avec de la manipulation, je serai présente à toutes les conférences, toutes les activités où on parle de respecter les textes du PDCI. Nous réclamons tous ensemble une nouvelle convention.
Est-ce qu’on doit s’attendre à des actions communes ?
Oui, bien sûr. Ça vient de commencer. Vous m’avez vu à cette conférence de presse pour dire que je le soutiens. Nous avons le même combat. Nous exigeons une convention parce que Tidiane Thiam n’est pas sur la liste électorale. Et ses avocats ont été déboutés dans le recours qu’ils ont fait.
On n’est pas sûr qu’il soit sur la liste définitive. C’est clair, sauf arrangement politique. Nous en tant que politiciens, on essaie d’anticiper. On demande une convention pour qu’il ne soit pas trop tard pour le PDCI, parce que le parrainage commence en juillet déjà. Il faut qu’au plus tard en juin.
On ait un candidat. Et qu’on sache le nom du candidat officiel du PDCI, il faut qu’on aille sur le terrain pour le parrainage. C’est important. Donc, c’est une question, de timing. Je ne suis pas dans la manipulation. Billon l’a dit à la conférence que je suis rentrée au PDCI avant lui.
Justement, ceux qui disent ça veulent manipuler l’actualité, ce sont des propos que je condamne tous les jours. Ce sont des propos sexistes. Quand une femme fait un combat, on dit qu’il y a un homme derrière elle.
J’ai les moyens de le faire et je le fais. On a des soutiens, et c’est normal. Vous avez des amis, des frères de la famille qui peuvent vous soutenir, mais ne pas manipuler. Moi, on ne me manipule pas.
Est-ce que ce combat ne ressemble pas à un acharnement contre M. Tidjane Thiam ?
Aucun acharnement. Ça aurait été une autre personne, on aurait fait le même combat. Parce que ce n’est pas la première fois que je fais le combat pour les textes. Pour ceux qui me connaissent, j’ai fait le combat pour les textes le 24 décembre 1999.
Ma première conférence était avec le ministre Gnamien Yao, les KKB et tout ça, on était au Novotel. Quand Gui Robert a envoyé son équipe pour nous enlever. Donc, à ce moment-là, je n’étais pas manipulée, non.
A cette époque, c’était la même génération du Président Bédié, il avait le président Bédié en congé. Et nous, on a dit non. Nous nous sommes battus pour que le Président Bédié soit maintenu.
A ce moment-là, il n’y avait pas internet comme, mais on a utilisé tous les canaux de communication. Donc, ce n’est pas la première fois que je fais le combat des textes.
Comment vous comptez mener ce combat ?
Cela sera pareil. La communication. Je me propose de faire une tournée dans les 350 délégations du PDCI pour expliquer la situation.
Pour expliquer pourquoi j’ai assigné le conseil de discipline en justice. Donc à cette tournée d’explications, nous allons parler du plan B. C’est-à-dire, une convention pour avoir un nouveau candidat.
Est-ce que vous avez le profil de ce candidat ?
Oui, on a un profil. Déjà, il faut remplir les conditions d’éligibilité que la constitution demande. Il faut avoir une expérience politique. Il faut connaître la Côte d’Ivoire. Et puis, sur le plan économique, avoir des notions. Moi, je pense que c’est le candidat qu’il faut et au niveau du PDCI, il y a beaucoup. Le PDCI a formé beaucoup de cadres.
Comme Jean-Louis Billon, par exemple ?
Oui, pourquoi pas ? M. Billon peut le faire.
Qui finance vos activités, vos actions en justice, cette tournée que vous annoncez ?
Alors, je peux vous dire que c’est moi-même et mon époux.
Maintenant que la justice a ordonné votre réhabilitation au sein du PDCI, qu’est-ce que vous comptez faire ?
C’est moi qui ai gagné le procès. Parce que tous les actes de Tidjane Thiam ont été annulés même le décret me radiant a été annulé.
C’est ce que j’ai demandé. Et donc, je réintègre le PDCI. Je ne suis que membre du bureau politique maintenant.
Étant donné que j’avais démissionné de mes postes moi-même après l’inhumation du président Henri Konan Bédié. Je reste membre du bureau politique.
Est-ce que depuis jeudi, vous êtes allé à la maison du PDCI ? Comment vous avez été accueillie?
Depuis jeudi. Il n’y a pas eu de réunion du bureau politique. Donc, je n’ai pas eu l’occasion d’y aller.
Comment vous imaginez votre retour ? Est-ce que vous craignez des railleries?
Les ragots, tout ce qui se dit, les railleries, ça ne me dit rien, parce que je sais que je suis dans la vérité. La preuve, la justice m’a fait droit. Et M. Thiam a dû démissionner lui-même parce qu’il sait que Yapo Valérie a raison.
Quelle que soit la manière dont je serai accueillie, je vais accepter, je ne vais pas ailleurs. Je suis membre du Bureau politique. Je suis membre du PDCI
Vous venez de le dire, vous n’irez pas ailleurs, mais vous contestez la direction actuelle, mais les militants sont mobilisés autour de Thiam. Pourquoi vous ne démissionnez pas ?
Oui, tout le monde est mobilisé parce que le problème, c’est que c’est un faux combat qu’ils font. A travers moi, ils font un combat contre l’État. Alors que ce n’est pas l’Etat qui m’envoie. C’est ma radiation qui m’envoie à la justice. Ils font un bras de fer contre l’Etat.
C’est pourquoi je ne quitte pas le parti, parce que ce n’est pas le pouvoir qui m’envoie faire quoi que ce soit. Ils font un bras de fer à travers moi contre le parti au pouvoir.
Mais moi, je suis PDCI. Je dis qu’il faut respecter les textes. Aujourd’hui, ceux qui se sont battus pour le respect des textes ont peut-être d’autres intérêts. Ils ont laissé tomber certains combats. Mais on s’est toujours battus pour le respect des textes.
Et si M. Thiam, par des arrangements politiques est finalement inscrit sur la liste électorale, ou à l’occasion d’une autre révision de la liste électorale, Est-ce que vous abandonnez le combat ou vous le soutenez ?
J’abandonne le combat et peut-être que je quitterai le PDCI. Pour moi, quelqu’un qui n’est pas capable de se mettre en règle et qui attend un arrangement politique, ce n’est pas décent. Parce que quand on veut gérer un État, on fait en sorte d’être en règle.
Si on a fait un arrangement politique quelconque pour quelqu’un qui n’a pas de papier, qui n’a pas pu prouver qu’il n’était pas français, et que son père n’était pas français. C’est pour ça qu’on l’a radié. Son père est né en octobre 1934 à Dakar au Sénégal.
Il a dit à tout le monde qu’il était né français. Donc l’article 48 ne le touchait pas. Pour quelqu’un qui fait des manigances comme ça, si par un arrangement il est retenu, peut-être que je quitterai le PDCI.
On ne peut pas vouloir gérer un pays et attende un arrangement pour se faire inscrire sur la liste électorale. Il aurait fallu qu’il se mette en règle quand il été élu. Mais franchement, je dis, si on fait un arrangement politique, quel que soit l’arrangement politique, moi, je quitte le PDCI.
Tidjane Thiam, n’est pas dans les mêmes cas que M. Laurent Gbagbo et Blé Goudé. On sait tous que c’est un problème politique, eux ils peuvent mettre la pression, on va les inscrire sur la liste électorale. Mais Tidjane Thiam n’a pas de papiers, quelle pression il pourrait mettre? .
Mais personne ne conteste le fait qu’il soit Ivoirien ?
Mais moi non plus, je n’ai jamais dit qu’il n’est pas Ivoirien. J’ai dit quand il prenait le PDCI il était français. Et les lois Ivoiriennes disent qu’un français ne peut pas gérer un parti politique. Mais quand il posait l’acte, il était français. Et c’est illégal.
La justice l’a radié pour un acte antérieur. Il ne s’est pas inscrit après le 19 mars sur la liste électorale. Il s’est inscrit en 2022. Donc si on négocie pour lui, moi je ne reste plus au PDCI, ça sera du faux.
Il y a deux semaines, l’ex-secrétaire exécutif Maurice Kacou a démissionné de son poste de conseiller politique de Tidjane Thiam, est-ce que pour vous cela traduit un malaise au sein du PDCI?
Sa décision me peine. Parce que si on en arrive là, il y a un grand malaise . Malheureusement, je sais que ça va faire des dégâts. C’est pourquoi on se bat pour qu’on ait une nouvelle convention.
C’est vraiment triste que M. Maurice Kakou qui était quand même quelqu’un de très valeureux, très combattant. On lui avait même donné un nom même, « capitaine courage », parce qu’il l’a fait en sorte, avec les Jean-Louis Billon, Akossi Benjo que le PDCI ne soit pas phagocyté par le RHPD.
Ils ont fait ce combat en 2008, Jusqu’à ce jour. On espère que tout va s’arranger, parce que s’il fait une conférence demain aussi, c’est foutu. Comment vous pensez que cela peut s’arranger?
Cela peut s’arranger si on revient au texte C’est tout simple. Voilà notre combat. Il faut annuler tout ça. Et puis on revient au fonctionnement du 31 juillet, à la veille du décès du président Henri Konan Bédié. Et tout sera fait dans les règles.
Est-ce que vous avez des ambitions électorales pour les prochaines législatives?
Pour les prochaines législatives, j’ai des ambitions chaque année. Je suis politicienne. Depuis 2016, j’essaie d’être candidate. L’année dernière je n’ai pas été retenue.
Il y avait une alliance avec le PPA-CI. Et dans ma zone, ils ont choisi le PPA-CI comme candidat. Et moi, à la deuxième position. Donc, je suis politicienne. Tant que je ne suis pas à la retraite, je pourrais être candidate à tout moment.
Edwige FIENDE (Reprise)