A l’aune des législatives qui s’annoncent pour le 27 Décembre prochain, deux tendances se dégagent au sein des partis et formations politiques composant la Coalition pour une Alternance Pacifique en Côte d’Ivoire (CAP-CI) et de l’ensemble de l’opposition Ivoirienne.
Là où certains à l’instar du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) décident d’aller à l’assaut des sièges électifs au parlement, d’autres notamment le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), non membre de la CAP-CI, préfèrent s’abstenir en signe de protestation contre la récente élection présidentielle qu’ils dénoncent comme un « braquage électoral ».
Afin de clarifier la position de la CAP-CI, principale faîtière de l’opposition, Danièle Boni-Claverie, présidente de l’Union Républicaine pour la Démocratie (URD) et porte-parole de la coalition, évoque dans ce communiqué la position officielle de la CAP-CI qui réaffirme son soutien à toutes les forces démocratiques de la nation. Qu’elles participent ou non aux prochaines joutes législatives.
DECLARATION DE LA CAP-CI CONCERNANT LES ELECTIONS LEGISLATIVES
L’élection présidentielle à peine terminée que le pouvoir nous entraine dans une nouvelle bataille, celle des législatives. La présidentielle, 65 ans après l’indépendance de notre pays, aurait dû être une célébration de la démocratie mais le cycle maléfique ne s’est pas interrompu : des personnes décédées, des arrestations arbitraires en grand nombre, des familles meurtries, des opposants qu’on essaye de museler et une jeunesse désabusée dans son espoir de changement. Il ne faut pas oublier que derrière les chiffres et les statistiques se cachent souvent des vies morcelées, des destins fauchés et des rêves de liberté interrompus. Les évènements douloureux de Nahio et les 23 victimes connus sont là pour nous le rappeler.

Face à cette situation, la Coalition pour l’Alternance pacifique (Cap-Ci) rappelle qu’une paix véritable ne peut s’installer que lorsque la justice est respectée et que la démocratie retrouve son sens premier : le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple. Fidèle à son idéal de démocratie apaisée et de réconciliation, la Cap-Ci a laissé les différents partis qui la composent libres de choisir de participer ou non aux élections législatives.
La position de la Cap-Ci est claire. Elle affirme sa solidarité avec toutes les forces démocratiques du pays, qu’elles participent ou non aux élections législatives. La Coalition voit dans ces choix, une diversité tactique au service d’une démocratie qui mérite mieux qu’une parodie d’élection tout en exclusion et en faux semblant. Ceux qui « y vont » estiment qu’il faut occuper le terrain, porter la voix du peuple dans les Institutions même imparfaites. L’Assemblée Nationale est pour eux un espace de résistance et d’expression. Ceux qui ont choisi la non-participation dénoncent un processus électoral verrouillé et biaisé, un 4ème mandat anticonstitutionnel et la confiscation de la volonté du peuple. Les méthodes utilisées par la CEI sont incompatibles avec les principes de la démocratie. Cependant la lutte continue sous des formes qui seront adaptées au contexte politique.
Ces choix tactiques apparemment opposés n’empêchent pas l’opposition de rester unie autour d’une conviction partagée et d’une même vision de l’avenir immédiat de notre pays. Dans les deux cas, le message est le même. Dire non à la résignation, non au silence, non à la manipulation. Chacun avance avec sa stratégie mais tous dans la même direction, le changement. Notre combat commun est de restaurer la vérité, mettre fin à l’injustice, à l’arbitraire et rétablir la souveraineté populaire.
La division ne contamine pas l’opposition. Peut-être faut-t-il la chercher dans le fossé qui commence à se creuser entre le peuple et le pouvoir peu attentif à ses souffrances, à ses attentes, à son espoir dans un avenir meilleur.
L’heure est plus que jamais à la lucidité, la détermination et l’unité dans la diversité. L’objectif partagé est de rendre audible la voix des Ivoiriens et redonner à la Nation, son âme, ses valeurs et sa dignité.
La Cap-Ci présente ses condoléances à toutes les familles endeuillées et dans un souci d’apaisement exhorte les autorités à libérer les prisonniers politiques notamment les jeunes enfants de 10 à 13 ans, à garantir la liberté d’expression et à ouvrir un dialogue national inclusif.
La flamme du changement s’est allumée dans le cœur de nos concitoyens et l’opposition – il faut le dire et le redire – ne porte pas seulement sur ses épaules la colère d’un peuple mais aussi son espérance. Nous sommes unis dans nos différences, fidèles à nos engagements communs. Continuons à marcher avec courage et détermination vers la même destination, celle d’une Côte d’Ivoire réconciliée, en paix, libre et souveraine.
Danièle Boni-Claverie
Présidente de l’Urd
Porte-Parole de la Cap-Ci
