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Présidentielle 2025: Joël N’Guessan (RHDP) accuse des magistrats, «dénonce toute exclusion» et affirme qu’«une autre crise sera plus meurtrière»

Ancien ministre et ancien porte-parole du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir en Côte d’Ivoire, Joël N’Guessan, se prononce sur l’élection présidentielle de 2025. Avec le franc-parler qu’on lui sait, il expose sa position sans fioritures. Il appelle à la candidature du président de la République, Alassane Ouattara, mais également à celle des autres acteurs importants de l’échiquier politique ivoirien.

Quel regard portez-vous sur l’élection présidentielle de 2025 au vu du climat de tension pré-électorale que nous constatons à 4 mois du scrutin présidentiel d’octobre ?

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, je reste convaincu que l’exclusion de certains acteurs politiques aboutira à une crise au plan national qui, si l’on n’y prend garde, sera plus meurtrière que celle qu’on a connue en 2010-2011. C’est la raison pour laquelle je dénonce toute exclusion. Car exclure les gens, c’est créer le lit de l’injustice sociale. Ils sont nombreux les Ivoiriens qui partagent mon point de vue mais qui n’ont pas l’occasion de le dire haut et fort. Je signe et je persiste, les exclusions sont dommageables.On a vu tout ce que ça nous a causé par le passé. J’interpelle à cet effet, les magistrats qui, au lieu de prendre des décisions liées à la justice, s’emploient essentiellement à exclure. Je vous fais remarquer que ce sont certains magistrats qui sont à la base de tous les problèmes que nous avons connus.

Vous estimez que la responsabilité de ce climat de tension pré-électorale incombe aux magistrats mais l’opposition, de son côté, indexe plutôt votre parti politique, le RHDP, principalement le président de la République, Alassane Ouattara, président du RHDP, d’être à la manette de l’exclusion de certains leaders politiques pour la présidentielle d’octobre 2025. Qu’en dites-vous ?

Je m’inscris totalement en faux contre ces allégations de l’opposition. Comme dans tout pays qui se respecte, notre pays dispose des pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif. Ces pouvoirs agissent de façon indépendante dans notre pays. Quand le président de la République, Alassane Ouattara, décide de construire un barrage hydraulique, ce n’est pas à ceux qui ne l’aiment pas de s’opposer à cet ouvrage de grande portée sociale. Sur le terrain social et économique, tous les Ivoiriens sont d’avis avec moi que le président Alassane Ouattara a fait beaucoup et continue de faire beaucoup pour le pays. Même s’il y a des investissements qui sont encore indispensables. Ceux qui affirment que c’est le président Ouattara qui a exclu tous ces gens, je leur réponds que c’est faux. Il ne s’est jamais immiscé dans les affaires judiciaires. Les juges ont pris leur décision, soit on l’applique, soit on trouve un terrain d’attente pour faire avancer notre démocratie. Associer le président Ouattara aux décisions des magistrats pour exclure les potentiels candidats, c’est être de mauvaise foi et ignorer le fonctionnement de nos institutions ainsi que la grande liberté qu’elles ont. Donc je le répète, Alassane Ouattara n’est en rien concerné par l’exclusion de certains potentiels candidats.

L’ancien président de la République, Laurent Gbagbo, président du PPA-CI, a haussé le ton, le samedi 7 Juin 2025, lors d’un meeting de son parti à Port-Bouet (Abidjan) en affirmant qu’il est prêt pour se battre. Il a même enjoint ses partisans à se tenir également prêts. Ces propos ne sont-ils pas les signes avant-coureurs d’une forte tension à venir ?

Vous savez, je ne suis pas surpris par les déclarations et le comportement de l’ancien président de la République, Laurent Gbagbo. C’est son sport favori ça. Même quand il était au pouvoir, il se comportait comme un opposant. Il va se battre contre qui ? Nous, au RHDP, n’avons aucune envie de nous battre contre qui que ce soit. Ceux qui veulent se battre, qu’ils aillent chercher leurs adversaires ailleurs, pas au RHDP. Nous, au RHDP, ne voulons pas de palabres. Nous ne poserons aucun acte qui va contre la cohésion sociale, la paix et la quiétude des Ivoiriens et de ceux qui vivent dans notre beau pays. C’est important. Ceux qui ont envie de se battre, qu’ils portent leurs tee-shirts, leurs baskets et qu’ils aillent se battre ailleurs. Pas avec nous, le RHDP. Nous ne voulons pas troubler la paix. Nous voulons que l’élection présidentielle se déroule dans la quiétude. C’est pour cela que je suggère qu’on adopte, au plan politique, des solutions. Voyez-vous, en 2005, le président Alassane Ouattara avait été exclu. En 2010, suite aux accords politiques divers dont celui de Ouagadougou, il a été intégré puis a pris part à l’élection présidentielle qu’il a remportée. Mais n’oublions pas que l’origine de cette crise, ce sont les décisions prises par les magistrats. Ce n’est pas Joël N’Guessan qui a décidé qu’on ne délivre pas, en l’occurrence, un certificat de nationale ivoirienne à Tidjane Thiam. Ce n’est pas moi. Ce sont les magistrats. Ça veut dire que si demain, il y a des troubles dans le pays, les premiers responsables, ce sont les magistrats. Ce ne sont pas les hommes politiques. C’est pour cela que j’exhorte les magistrats à bien analyser les situations avant de prendre des décisions. Quand on prend une décision pour priver un acteur politique de ses droits civiques et politiques, certes ça peut se comprendre. Mais il faut se référer au passé pour se dire que ce type de décisions avait causé d’énormes dégâts à la société ivoirienne. Je ne souhaite pas que les Ivoiriens revivent, ce qu’ils ont vécu.

Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Tidjane Thiam, Charles Blé Goudé qui sont déclarés inéligibles par la Justice, vous souhaitez qu’ils redeviennent éligibles afin qu’ils prennent part au scrutin présidentiel de 2025. C’est cela ?

Tout à fait. C’est mon avis personnel. Ce n’est pas un avis qui émane de la haute direction de mon parti, le RHDP. C’est un avis qui est basé sur ce que j’ai vécu personnellement dans la crise de 2010-2011. Mon chauffeur et mes gardes du corps ont été tués sous mes yeux. Je ne veux plus revivre cela. Vous verrez que c’est ceux qui n’ont pas subi de préjudices pendant la crise postélectorale de 2010-2011 qui cautionnent l’idée d’exclusion. Moi, je suis totalement contre ça.

Votre parti, le RHDP, vivra son 2ème congrès ordinaire, les 21 et 22 juin 2025, pour choisir son candidat à l’élection présidentielle d’octobre prochain. Il nous revient que durant les différents pré-congrès à travers le pays, les militants ont unanimement porté leur choix sur le président Alassane Ouattara afin qu’il brigue un second mandat de la 3ème République. Est-ce vrai ? Qu’en pensez-vous ?

Mon souhait ardent est que le président Alassane Ouattara soit notre candidat pour l’élection présidentielle de 2025. Mais n’oublions pas que c’est lui seul qui décide. Il est le maître de son destin. Cependant conformément à la forte mobilisation des Ivoiriens qui lui demandent d’être candidat, je souhaite qu’il accepte d’être candidat. Qu’il soit candidat avec en face de lui, des adversaires de poids. On dit qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Moi, je souhaite qu’on triomphe avec gloire. Le président Ouattara va gagner triomphalement, on va l’applaudir et il va faire son dernier mandat de la 3ème République. Personnellement, je suis d’avis avec tous nos militants qui à travers le pays disent qu’il faut que le président Ouattara accepte d’être candidat..

L’idée d’un plan B n’est donc pas envisageable au RHDP ?

Si le président Alassane Ouattara décide de ne pas être candidat, le plan B existe bel et bien au RHDP et sera activé automatiquement. Le président Ouattara l’a lui-même dit en affirmant qu’il dispose d’une demi-douzaine de personnalités capables de lui succéder. C’est dire que le plan B existe au RHDP. Mais pour le moment, nous sommes totalement focus sur Alassane Ouattara. Parce que nous avons la certitude que s’il est candidat, les autres candidats pourront venir, mais on les battra.

C’est vrai que pour certaines personnes au sein du RHDP, ce n’est pas le président Ouattara qui est leur préoccupation. Elles veulent que le président Ouattara soit candidat et qu’il soit réélu pour leur permettre de conserver leurs privilèges acquis depuis que le président est au pouvoir. De gros privilèges. Ces personnes ont obtenu de gros marchés et sont multimilliardaires. Ce sont elles qui sont au front pour que le président Ouattara rempile. C’est pour elles qu’elles le font, pas pour le président Ouattara.

Vous aussi, on pourrait vous rétorquer que vous voulez que le président Ouattara rempile pour un nouveau mandat pour sauvegarder vos avantages ?

Oui, moi aussi, on peut dire que vu l’assistance que le président Ouattara m’apporte, je veux qu’il soit candidat pour que je garde les différents appuis sporadiques. Donc j’assume qu’ils sont nombreux ceux qui veulent que le président Ouattara soit président de la République. Pas pour le président Ouattara mais pour garder leurs privilèges.

Pour évoquer de nouveau les déclarations de l’ancien président Laurent Gbagbo et lui répondre, nous lui disons que la véritable bataille, c’est dans les urnes. Ce n’est pas en lançant des mots d’ordre. Quand il dit à ses militants : « Tenez-vous prêts ! ».Mais ça, c’est un mot d’ordre. Faut-il laisser passer ça ? Avec ce qu’il a dit à son meeting, je vous jure que si c’était dans un autre pays africain, il serait déjà mis aux arrêts. Et il n’y aurait rien eu. Au regard de tout cela, mon souhait, c’est qu’il n’y ait pas d’exclusions et que le président Alassane Ouattara soit candidat.

Quel message adressez-vous aux Ivoiriens et aux acteurs politiques, à quelques mois de l’élection présidentielle de 2025 ?

Ce que je peux dire aux compatriotes, c’est qu’on doit garder notre sérénité et penser à l’avenir de nos enfants et petits-enfants. Pas question que le pays soit de nouveau divisé. Pas question que des Ivoiriens prennent encore des armes. Il est question que notre démocratie se consolide. Au RHDP, si le président Ouattara dit qu’il n’est pas candidat, dans la même journée, on va trouver un candidat. Puisque le président Ouattara nous a déjà rassurés en parlant de la demi-douzaine de personnalités. Parmi ces potentiels candidats, mon choix se porte sur le vice-président de la République, Tiémoko Meyliet Koné. Il y a longtemps qu’il est dans les arcanes des finances et de la politique. Mais surtout, voilà quelqu’un qui n’a rien à se reprocher. Les autres qui sont à la direction du parti, à savoir Koné Kafana , Téné Birahima Ouattara , Anne Ouloto, Kadia Camara et les autres, ils sont tous capables d’assurer la succession du président Ouattara. Que tout le monde garde son calme.

Je demande aux leaders politiques d’avoir un langage d’apaisement qui suscite la cohésion sociale. Les propos va-t’en-guerre ne sont pas une bonne chose. Je dis toujours, que nous sommes tous des mortels. Personne ne détient son souffle de vie. C’est Dieu qui nous tient. Cette compétition politique d’octobre 2025 se déroulera avec des personnes en bonne santé et en liberté. C’est une réflexion que nous devons tous méditer. Il y a des gens qui pensent que pour accéder au pouvoir, il faut tenir des propos violents, exercer la violence et troubler la quiétude des Ivoiriens, je suis contre cela. Prions pour que nous soyons tous en vie, en bonne santé et en liberté pour octobre 2025.

Source : Lemondeactuel.com

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