A l’heure où les enjeux géostratégiques sur le continent Africain attisent les convoitises des puissances émergentes, la maîtrise de la communication constitue un pilier essentiel de l’offensive géopolitique Chinoise. 

En prélude à la 9ème édition du Forum sur la Coopération Chine-Afrique (FOCAC 2024) prévue du 04 au 06 Septembre à Beijing en Chine, le Consortium des Journalistes Professionnels Africains pour le renforcement de la Coopération Sino-Africaine (CJPASA) en partenariat avec l’agence de presse, Xinhua, a organisé un webinaire sur le thème “Influence et impact des médias Sino-Africains dans la coopération économique et diplomatique entre la Chine et les pays Africains: cas de la Côte d’Ivoire”. 

Un thème suffisamment éloquent pour déchiffrer les ambitions Chinoises en matière de conditionnement de l’opinion publique Ivoirienne. Il s’est agi durant cette rencontre virtuelle tenue le 23 Août avec la participation d’une cinquantaine d’acteurs des médias Africains et Ivoiriens, de vendre les réalisations de la Chine en Afrique. En effet dans un rapport publié en Août 2023, Hinrich Foundation, une fondation philanthropique basée à Singapour, 31% des contrats de construction d’infrastructures à l’échelle continentale d’un montant supérieur ou égal à 50 millions de dollars ont été octroyés en 2022 à des entreprises Chinoises. 

L’on note également toujours selon ce rapport cité dans un article d’Agence Ecofin que ce sont plus de 10.000 entreprises Chinoises qui opèrent sur le continent. Ce que Pékin a compris, c’est que le succès durable dans les relations commerciales s’appuie inexorablement sur un conditionnement des opinions de l’environnement géographique où les investissements sont réalisés. A ce jeu, la Chine tient une longueur d’avance indéniable sur ses concurrents Occidentaux. 

La dernière décennie a vu l’implantation en Côte d’Ivoire et dans de nombreux pays Africains de plate-formes de diffusion de l’information aussi puissantes que Operanews, Scoopernews ou encore Phoenix. Des agrégateurs de médias qui jouent un rôle de premier plan dans le filtrage de l’information. La pénétration de Startimes dans les foyers ruraux relève d’une importante stratégie de formatage mental des populations Africaines que l’on initie inconsciemment à la culture de la Chine populaire que les Africains apprennent à connaître, à découvrir et à adopter. 

La Chine avance ses pions méthodiquement sur le modèle identique employé par les colonisateurs Européens des siècles en arrière. L’objectif inavoué étant d’accélérer le processus de conditionnement des masses populaires Africaines dans la perspective d’une néo-colonisation soigneusement planifiée. 

En mettant à contribution les médias qu’on cherche à rallier dans un vaste réseau opérationnel déployé pour asseoir l’hégémonie économique de Pékin en Afrique, l’appareil dirigeant Chinois étend ostensiblement sa sphère d’influence géostratégique sur un continent où les ressources naturelles font pâlir les ambitions des puissances économiques mondiales.

Raoul Mobio