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Médias publics au Sahel: Des instruments au service du mensonge d’état?

Deux tableaux caractérisent la communication autour de la situation sécuritaire dans le Sahel. L’un reluisant avec de supposés exploits des armées de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) qui à s’en fier aux médias publics, pulvérisent les bases des groupes terroristes. 

Selon cette communication officiellement digeste, ce sont des centaines de djihadistes et autres combattants rebelles qui sont tués de façon quasi-quotidienne.

L’autre à contrario, dépeint des chiffres en totale contradiction avec les victoires annoncées à grands coups de renforts médiatiques sur les médias publics. 

Ceux qui se font l’écho des revers subis par les armées de l’AES, ce sont ces activistes en rupture de ban avec les juntes installées à la tête de leurs différents pays et qui refusent d’avaler l’idée d’un prolongement indéfini de la durée des transitions. En l’absence de données vérifiables sur les théâtres d’opérations, l’opinion publique est plongée dans une incertitude embarrassante. 

De bonnes raisons de douter des versions officielles

Sauf qu’à l’évidence, les informations relayées par les médias publics, eux-mêmes conditionnés pour servir les intérêts propagandistes des pouvoirs militaires, sèment clairement le doute. Que ce soit au Burkina Faso, au Niger ou au Mali, le constat est à la poursuite effrénée des combats. Bien que les médias publics avancent constamment des succès retentissants, le seul fait que le front demeure embrasé, atteste de complexité à laquelle doivent faire face les détachements militaires projetés au-devant des hordes terroristes. 

Mansila, un cas flagrant de mensonge d’état

Par ailleurs, le flou intrigue sur la sincérité des informations véhiculées dans les presses officielles. Le cas de Mansila en est un exemple patent. Après un blackout de deux longues semaines, les médias encore autorisées au Faso font état vers la fin Juin d’une reprise de contrôle de cette localité par les forces armées Burkinabè. 

Il y’avait donc eu attaque alors comme l’indiquaient des sources parallèles prolixes sur les réseaux sociaux? Trop de mensonges érigés en vérités officielles qui finissent par desservir ces putschistes éclaboussés par l’horreur de la réalité. Ce que les régimes militaires s’escriment à imposer comme lecture, c’est que tout se déroule comme dans le meilleur des mondes. 

Les terroristes sont constamment en déroute. Pourtant, ils se font de plus en plus entreprenants en multipliant les attaques au point d’aligner les carnages. Mansila au Burkina, Gotheye au Niger et ce Lundi 1er Juillet, Djiguibombo dans le centre du Mali où au moins 21 villageois ont été massacrés par les djihadistes, inquiètent suffisamment pour se rendre compte de l’ampleur de la manipulation informationnelle. Ce qu’il faut intégrer cependant, c’est que la propagande adossée au populisme a des limites. 

Raoul Mobio

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