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13 mois avant la présidentielle, Jean-Bonin lâche: « Le partenariat FPI/RHDP est un échec »

𝐏𝐀𝐑𝐓𝐄𝐍𝐀𝐑𝐈𝐀𝐓 𝐏𝐎𝐔𝐑 𝐋𝐀 𝐑𝐄𝐂𝐎𝐍𝐂𝐈𝐋𝐈𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍, 𝐋𝐀 𝐂𝐎𝐇𝐄𝐒𝐈𝐎𝐍 𝐒𝐎𝐂𝐈𝐀𝐋𝐄 𝐄𝐓 𝐋𝐀 𝐃𝐄𝐌𝐎𝐂𝐑𝐀𝐓𝐈𝐄

Le 2 mai 2023, le FPI avait conclu avec le RHDP, parti au pouvoir un accord de Partenariat pour la réconciliation nationale, la cohésion sociale et la démocratie.
Quelles étaient les motivations de ce Partenariat, comment s’est-il négocié et quel bilan peut-on faire au moment du congrès du 08 novembre 2024 ?

𝟏. 𝐋𝐞𝐬 𝐦𝐨𝐭𝐢𝐯𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝𝐞 𝐥’𝐚𝐜𝐜𝐨𝐫𝐝 𝐝𝐞 𝐏𝐚𝐫𝐭𝐞𝐧𝐚𝐫𝐢𝐚𝐭

C’est au (Congrès de la clarification), le 13 novembre 2021, que l’idée d’un rapprochement entre le RHDP et le FPI a été évoquée par M. Adama BICTOGO, représentant du RHDP à cette cérémonie, dans son adresse au Congrès. A la suite d’une longue période d’échanges informels avec certains leaders du RHDP, j’ai soumis au Secrétariat Général, un projet d’alliance politique autour de la problématique de la réconciliation nationale et de la démocratie.

Les résultats médiocres du parti aux différentes consultations électorales dans un contexte d’hostilité et d’isolement politiques m’avaient convaincu d’une chose : le FPI avait des troupes, mais peu d’officiers capables de gagner des batailles. Entre 2015 et 2021, seulement cinq (5) Cadres avaient réussi à se faire élire à un poste : N’Guettia Yao Kouman à la députation à Gouméré dans le Gontougo (poste gagné en 2016 et perdu en 2021) ; Amalaman Gilbert à la députation à Bongouanou-Commune (gagné en 2016 et perdu en 2021 avec le professeur TANO Kassi Pascal) et à la Mairie de Bongouanou (poste gagné en 2018 et perdu en 2023 avec AKA Boni Marc) ; avec AFFI N’Guessan à la députation à Bongouanou –S/préfecture (gagné en 2016 et 2021) et au régionale (gagné en 2018 et perdu en 2023) ; Agnès Monnet à la commune d’Agou (gagnée en 2018 perdue en 2023) ; SIA André à la députation à Man-S/P (gagné en 2021). À l’Est, au Sud et à l’Ouest des victoires sont électorales sont donc toujours possibles.

Mais si le Parti ne réussit pas à décoller, s’il accumule des résultats médiocres à l’occasion des élections locales de 2023 en vue, le découragement peut gagner les bases et la démobilisation s’emparer des troupes.

Pour écarter cette menace, échapper à la déchéance, il n’y avait qu’une voie : mutualiser nos moyens avec une force politique capable de compenser la faiblesse (matérielle et financière) de nos cadres en contre partie du soutien que le FPI lui apporterait dans des circonscriptions à risques ; mais en même temps trouver une noble justification, une cause juste et soutenable, une cause nationale et d’actualité, associées à cet objectif électoraliste : la réconciliation nationale et la démocratie inscrites à la fois dans l’agenda de l’allié et dans notre combat politique.

Les termes de référence du projet que nous avons adoptés visaient ces deux préoccupations : travailler ensemble à la réconciliation nationale dans un Partenariat gagnant-gagnant : tous deux gagnants vis-à-vis de l’opinion nationale et internationale dans le succès du processus de réconciliation nationale ; tous deux gagnants au plan électoral en mutualisant nos forces. A cet effet, le Secrétariat Général avait validé un tableau de répartition des circonscriptions qui a été annexé aux TDR et qui se présentait comme suit :

* 𝐄𝐥𝐞𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐦𝐮𝐧𝐢𝐜𝐢𝐩𝐚𝐥𝐞𝐬 𝟐𝟎𝟐𝟑
o 201 listes communes dont 45 pour le FPI et 156 pour le RHDP
o Le FPI soutient le RHDP dans toutes les communes d’Abidjan
o 1151 Adjoints aux maires dont 259 pour le FPI et 892 pour le RHDP

* 𝐄𝐥𝐞𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐫𝐞́𝐠𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐞𝐬 𝟐𝟎𝟐𝟑
o 31 listes communes dont deux (02) conduites par le FPI et 29 pour le RHDP
o 124 postes de Vice-présidents du Conseil Régional dont 27 pour le FPI et 97 pour le RHDP

* 𝐋𝐞𝐬 𝐃𝐢𝐬𝐭𝐫𝐢𝐜𝐭𝐬
o 14 postes de ministres-gouverneurs dont deux (02) pour le FPI et douze (12) pour le RHDP

* 𝐋𝐞 𝐒𝐞́𝐧𝐚𝐭
o 10 postes de Sénateurs

𝟐)𝐋𝐞𝐬 𝐧𝐞́𝐠𝐨𝐜𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝𝐮 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐞𝐧𝐚𝐫𝐢𝐚𝐭

Ce projet d’accord de partenariat auquel était annexé le tableau de répartition des circonscriptions aux municipales et aux régionales, ainsi que les demandes du FPI pour les Districts et du SENAT a été transmis au Président du RHDP en août 2022. Nous n’avons été invités à l’examiner ensemble que 9 mois plus tard, le 21 mars 2023, certainement sur insistance du Président du RHDP qui était visiblement intéressé par le projet, alors que ses proches collaborateurs, en particulier le Président du directoire, Koné KAFANA, faisait du dilatoire et était faiblement intéressé.

La délégation du FPI que je conduisais était composée du Secrétaire Général Issiaka SANGARE et du Vice-président chargé des Elections KOUAKOU Krah. Du côté du RHDP, on notait la présence de Koné KAFANA, Adama BICTOGO, Cissé BACONGO et de Beugré MAMBE qui, selon ses dires avait été appelé précipitamment par le Chef de l’Etat pour se joindre à la délégation du RHDP.

Nous sommes sortis de cette réunion désenchantés. Le RHDP ne partageait pas notre vision d’une alliance gagnant-gagnant. S’il ne trouvait pas d’objection à un Partenariat sur les questions de la réconciliation nationale, de la cohésion sociale et de la démocratie, il était par contre opposé à toute référence au gouvernement et à la gestion de l’Etat. Aussi, a-t-il demandé :

𝐚) 𝐃𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐩𝐫𝐞́𝐚𝐦𝐛𝐮𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐥’𝐚𝐜𝐜𝐨𝐫𝐝
Que la formule : « 𝑐𝑜𝑛𝑣𝑎𝑖𝑛𝑐𝑢𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑐’𝑒𝑠𝑡 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙’𝑎𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑐𝑜𝑛𝑐𝑒𝑟𝑡𝑒́𝑒 𝑒𝑡 𝑐𝑜𝑙𝑙𝑒𝑐𝑡𝑖𝑣𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑓𝑜𝑟𝑐𝑒𝑠 𝑝𝑜𝑙𝑖𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑠𝑜𝑐𝑖𝑎𝑙𝑒𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑠𝑒 𝑡𝑟𝑜𝑢𝑣𝑒 𝑙𝑎 𝑣𝑜𝑖𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑎𝑖𝑥, 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑠𝑡𝑎𝑏𝑖𝑙𝑖𝑡𝑒́ 𝑝𝑜𝑙𝑖𝑡𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑒𝑡 𝑠𝑜𝑐𝑖𝑎𝑙𝑒 𝑒𝑡 𝑎𝑢 𝑑𝑒́𝑣𝑒𝑙𝑜𝑝𝑝𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝐶𝑜̂𝑡𝑒 𝑑’𝐼𝑣𝑜𝑖𝑟𝑒 » soit supprimée.

𝐛) 𝐀 𝐩𝐫𝐨𝐩𝐨𝐬 𝐝𝐞 𝐥’𝐨𝐛𝐣𝐞𝐜𝐭𝐢𝐟 𝐝𝐮 𝐏𝐚𝐫𝐭𝐞𝐧𝐚𝐫𝐢𝐚𝐭 𝐥𝐢𝐛𝐞𝐥𝐥𝐞́ 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐬𝐮𝐢𝐭 :
« 𝐿𝑒𝑠 𝑠𝑖𝑔𝑛𝑎𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑙’𝑎𝑐𝑐𝑜𝑟𝑑 𝑐𝑎𝑑𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑃𝑎𝑟𝑡𝑒𝑛𝑎𝑟𝑖𝑎𝑡 𝑑𝑒́𝑐𝑖𝑑𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑑𝑒́𝑝𝑎𝑠𝑠𝑒𝑟 𝑙𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑎𝑛𝑡𝑎𝑔𝑜𝑛𝑖𝑠𝑚𝑒𝑠 𝑑𝑢 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑒́ 𝑒𝑡 𝑠’𝑒𝑛𝑔𝑎𝑔𝑒𝑛𝑡 𝑎̀ œ𝑢𝑣𝑟𝑒𝑟 𝑐𝑜𝑛𝑗𝑜𝑖𝑛𝑡𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑟𝑒𝑠𝑝𝑒𝑐𝑡 𝑑𝑒 𝑙𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑑𝑖𝑓𝑓𝑒́𝑟𝑒𝑛𝑐𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑎𝑢𝑡𝑜𝑛𝑜𝑚𝑖𝑒, 𝑎̀ 𝑙𝑎 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑜𝑙𝑖𝑑𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑟𝑒́𝑐𝑜𝑛𝑐𝑖𝑙𝑖𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑛𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑎𝑙𝑒, 𝑎𝑢 𝑟𝑒𝑛𝑓𝑜𝑟𝑐𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑐𝑜ℎ𝑒́𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑠𝑜𝑐𝑖𝑎𝑙𝑒, 𝑎̀ 𝑙𝑎 𝑠𝑡𝑎𝑏𝑖𝑙𝑖𝑡𝑒́ 𝑒𝑡 𝑎𝑢 𝑑𝑒́𝑣𝑒𝑙𝑜𝑝𝑝𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝐶𝑜̂𝑡𝑒 𝑑’𝐼𝑣𝑜𝑖𝑟𝑒… ».
* Que les termes : « 𝑑𝑒́𝑐𝑖𝑑𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑑𝑒́𝑝𝑎𝑠𝑠𝑒𝑟 𝑙𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑎𝑛𝑡𝑎𝑔𝑜𝑛𝑖𝑠𝑚𝑒𝑠 » soit supprimé ;
* Que le terme « … 𝑎̀ 𝑙𝑎 𝑠𝑡𝑎𝑏𝑖𝑙𝑖𝑡𝑒́ 𝑒𝑡 𝑎𝑢 𝑑𝑒́𝑣𝑒𝑙𝑜𝑝𝑝𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑐𝑜̂𝑡𝑒 𝑑’𝑖𝑣𝑜𝑖𝑟𝑒 » soit supprimé. Il a été remplacé par « 𝑙’𝑎𝑝𝑝𝑟𝑜𝑓𝑜𝑛𝑑𝑖𝑠𝑠𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑑𝑒́𝑚𝑜𝑐𝑟𝑎𝑡𝑖𝑒 ».

𝐜) 𝐀 𝐩𝐫𝐨𝐩𝐨𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐞𝐧𝐠𝐚𝐠𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐬𝐢𝐠𝐧𝐚𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 :
* Supprimer « 𝑠’𝑒𝑛𝑔𝑎𝑔𝑒𝑛𝑡 𝑎̀ 𝑎𝑔𝑖𝑟 𝑒𝑛 𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒 𝑐𝑖𝑟𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑐𝑒 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑟𝑒𝑠𝑝𝑒𝑐𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑙𝑜𝑖𝑠 𝑒𝑡 𝑖𝑛𝑠𝑡𝑖𝑡𝑢𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑅𝑒́𝑝𝑢𝑏𝑙𝑖𝑞𝑢𝑒 »;
* Supprimer « 𝑠’𝑒𝑛𝑔𝑎𝑔𝑒𝑛𝑡 𝑎̀ 𝑠𝑜𝑢𝑡𝑒𝑛𝑖𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑎𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑢 𝑔𝑜𝑢𝑣𝑒𝑟𝑛𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑒𝑛 𝑚𝑎𝑡𝑖𝑒̀𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑑𝑒́𝑣𝑒𝑙𝑜𝑝𝑝𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑒́𝑐𝑜𝑛𝑜𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑒𝑡 𝑠𝑜𝑐𝑖𝑎𝑙 »

𝐝) 𝐀 𝐩𝐫𝐨𝐩𝐨𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐞́𝐥𝐞𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬, 𝐥𝐞 𝐭𝐞𝐱𝐭𝐞 𝐞́𝐭𝐚𝐢𝐭 𝐥𝐢𝐛𝐞𝐥𝐥𝐞́ 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐬𝐮𝐢𝐭 :
Les signataires « conviennent de conclure des accords électoraux à l’occasion des différentes consultations électorales, notamment celles de 2023 (les municipales et régionales) et 2025 (la présidentielle) dans le cadre d’une gestion conjointe de l’Etat ».

Demande de supprimer « … 𝑛𝑜𝑡𝑎𝑚𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑐𝑒𝑙𝑙𝑒𝑠 𝑑𝑒 2023 (𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑢𝑛𝑖𝑐𝑖𝑝𝑎𝑙𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝑟𝑒́𝑔𝑖𝑜𝑛𝑎𝑙𝑒𝑠) 𝑒𝑡 2025 (𝑙𝑎 𝑝𝑟𝑒́𝑠𝑖𝑑𝑒𝑛𝑡𝑖𝑒𝑙𝑙𝑒), 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑐𝑎𝑑𝑟𝑒 𝑑’𝑢𝑛𝑒 𝑔𝑒𝑠𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑐𝑜𝑛𝑗𝑜𝑖𝑛𝑡𝑒 𝑑𝑒 𝑙’𝐸𝑡𝑎𝑡 ». Le RHDP ne voulait pas prendre d’engagement avec nous ni pour les élections locales prévues dans cinq mois, ni pour la présidentielle de 2025. Un pilier de notre plan était remis en cause, menacé. Une longue discussion s’en est suivie afin que cette disposition soit maintenue et puisse nous permettre de réaliser nos objectifs électoraux. A la fin, une petite concession nous fut accordée, de manière que les Parties puissent « si nécessaire » conclure des accords électoraux, c’est-à-dire au cas par cas par les responsables en présence dans chaque circonscription.

Au total, le partenariat a été réduit à la problématique de la réconciliation nationale, de la cohésion sociale et de la démocratie.
La question électorale était accessoire, et dépendrait de la volonté des candidats des partis à la base. La participation du FPI à la gestion de l’Etat au côté du RHDP était exclue de l’accord relèverait selon eux, du pouvoir discrétionnaire du Chef de l’Etat. Le RHDP ne voulait pas d’un accord électoral, je dirais même que beaucoup de cadres du Parti et pas des moindres, étaient hostiles au Partenariat.

Mais en mai 2023, nous étions allés trop loin. A la cérémonie de présentation des vœux en janvier 2023, j’exultais, convaincu que le Partenariat était acquis. L’intérêt régulièrement manifesté par le Chef de l’Etat m’avait rassuré. C’était compter sans les ressorts internes du RHDP.

C’est en considération de tous ces éléments que j’ai indiqué dans mon discours à la cérémonie de signature de cet accord, qu’il n’était pas un « 𝑎𝑐𝑐𝑜𝑟𝑑 𝑒́𝑙𝑒𝑐𝑡𝑜𝑟𝑎𝑙 𝑒𝑡 𝑢𝑛 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑎𝑔𝑒 𝑑𝑒 𝑔𝑎̂𝑡𝑒𝑎𝑢 ».

Comme indiqué plus haut, les négociations dans les circonscriptions électorales entre responsables locaux des deux partis, soit pour le partage des circonscriptions, soit pour des listes communes furent difficiles. Aucune tête de liste ne fut concédée au FPI. Même dans les circonscriptions tenues par le PDCI-RDA où le FPI avait un adjoint au Maire (cas de Saioua). Partout le RHDP a exploité à son profit exclusif, le principe de « nécessité » : il a été présent partout même dans des circonscriptions détenues par le FPI (Communes de Bongouanou et Dabou) ; il n’a accepté des conseillers FPI sur ses listes que lorsque sa victoire dépendait du soutien du FPI. En conséquence, dans plusieurs circonscriptions électorales où le FPI a tenu à présenter une liste, les deux partis étaient en compétition (voir tableau de candidatures aux municipales et aux régionales dans le Bounkani).

Dans le cas spécifique de l’élection régionale dans le Moronou, le Chef de l’Etat s’est dit « gêné » par la décision du RHDP de présenter un candidat contre le président du FPI, président sortant du Conseil Régional. Il ne lui fut pas facile au Chef de l’Etat de convaincre le Directoire du RHDP à retirer son candidat. En définitive, après de longues tractations, une liste commune fut constituée composée, de 40% de Conseillers RHDP et de 60% de Conseillers FPI. En dépit de ces arrangements, le Directoire du RHDP n’a pas renoncé à faire échec à ma candidature sous prétexte qu’au cours de mes meetings, je présentais ma victoire à l’élection régionale comme un tremplin pour me présenter à l’élection présidentielle de 2025. Cette perspective leur était intolérable.

𝟑. 𝐑𝐞́𝐬𝐮𝐥𝐭𝐚𝐭𝐬 𝐞́𝐥𝐞𝐜𝐭𝐨𝐫𝐚𝐮𝐱 𝐝𝐮 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐞𝐧𝐚𝐫𝐢𝐚𝐭

Les résultats à l’issue des élections régionales et municipales se présentent comme suit :
* Président de Conseil régional : 00 contre 01 en 2018
* Vice-président : 05 contre 09 en 2018
* Conseillers régionaux : 57 contre 51 en 2018
* Maires : 00 contre 02 en 2018
* Adjoints aux Maires : 19 contre 22 en 2018
* Conseillers municipaux : 138 contre 124 en 2018

Ainsi entre 2018 seul et 2023 (partenariat local), le FPI :
* a perdu le conseil régional du Moronou ;
* a perdu 04 postes de vice-président de région (9 à 5) ;
* a gagné 6 conseillers régionaux supplémentaires (51 à 57) ;
* a perdu 02 postes de maire (Agou et Bongouanou) ;
* a perdu 03 postes d’adjoint au maire ;
* a gagné 14 conseillers municipaux supplémentaires (124 à 138).

Au total, malgré le partenariat que le FPI n’a pas véritablement progressé (6 conseillers régionaux et 14 conseillers municipaux supplémentaires). Avec la perte du Conseil régional du Moronou, des Mairies de Bongouanou et d’Agou, de 4 postes de vice-présidents de région et de 03 postes d’adjoints au Maire, on peut affirmer que le parti a régressé.

𝟒. 𝐁𝐢𝐥𝐚𝐧 𝐩𝐨𝐥𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐮 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐞𝐧𝐚𝐫𝐢𝐚𝐭

Au plan politique, le partenariat avait pour objectif la « 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑜𝑙𝑖𝑑𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑅𝑒́𝑐𝑜𝑛𝑐𝑖𝑙𝑖𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑛𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑎𝑙𝑒, 𝑙𝑒 𝑟𝑒𝑛𝑓𝑜𝑟𝑐𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑐𝑜ℎ𝑒́𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑠𝑜𝑐𝑖𝑎𝑙𝑒 𝑒𝑡 𝑙’𝑎𝑝𝑝𝑟𝑜𝑓𝑜𝑛𝑑𝑖𝑠𝑠𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝐷𝑒́𝑚𝑜𝑐𝑟𝑎𝑡𝑖𝑒 ». Depuis le 02 mai 2023, pratiquement aucune action n’a été enregistrée en matière de réconciliation nationale, de cohésion sociale et de démocratie. Au contraire, on observe que le ministère en charge de la réconciliation nationale a été supprimé depuis le dernier remaniement ministériel (17 octobre 2023). Au plus haut niveau de l’Etat, on affirme que la réconciliation nationale n’est plus inscrite à l’agenda du gouvernement. Certaines autorités, notamment la présidente du Sénat, Mme Kandia CAMARA soutiennent que les revendications des partis politiques et des organisations de la société civile en faveur d’une consolidation de la réconciliation nationale et d’un approfondissement de la démocratie, notamment en ce qui concerne le cadre juridique et institutionnel des élections, constituent des « 𝑓𝑢𝑡𝑖𝑙𝑖𝑡𝑒́𝑠 » que le Chef de l’Etat n’a pas à prendre en compte.

Pour le FPI, il était important de faire le bilan du Partenariat sur la réconciliation nationale, la cohésion sociale et la démocratie. C’est pourquoi, à l’issue de plusieurs séances de travail, j’ai au nom du Comité Central, adressé au Chef de l’Etat, président du RHDP, les Termes de référence d’un séminaire national qui avait pour thème : « 𝑅𝑒́𝑐𝑜𝑛𝑐𝑖𝑙𝑖𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑛𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑎𝑙𝑒, 𝑐𝑜ℎ𝑒́𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑠𝑜𝑐𝑖𝑎𝑙𝑒 𝑒𝑛 𝐶𝑜̂𝑡𝑒 𝑑’𝐼𝑣𝑜𝑖𝑟𝑒, 𝑏𝑖𝑙𝑎𝑛 𝑒𝑡 𝑝𝑒𝑟𝑠𝑝𝑒𝑐𝑡𝑖𝑣𝑒𝑠 ».
L’objectif de ce séminaire était « 𝑑’𝑒́𝑡𝑎𝑏𝑙𝑖𝑟 𝑢𝑛 𝑏𝑖𝑙𝑎𝑛 𝑒𝑥ℎ𝑎𝑢𝑠𝑡𝑖𝑓 𝑒𝑡 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑒𝑛𝑠𝑢𝑒𝑙 𝑑𝑢 𝑝𝑟𝑜𝑐𝑒𝑠𝑠𝑢𝑠 𝑑𝑒 𝑟𝑒́𝑐𝑜𝑛𝑐𝑖𝑙𝑖𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑛𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑎𝑙𝑒 𝑒𝑡 𝑒́𝑣𝑒𝑛𝑡𝑢𝑒𝑙𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑣𝑒𝑛𝑖𝑟 𝑑𝑒𝑠 𝑚𝑒𝑠𝑢𝑟𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑎𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑’𝑎𝑝𝑝𝑟𝑜𝑓𝑜𝑛𝑑𝑖𝑠𝑠𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑜𝑙𝑖𝑑𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑐𝑜ℎ𝑒́𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑛𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑎𝑙𝑒 ». Il devait réunir des représentants de toutes les entités socioprofessionnelles du pays, soit environ 300 personnes. Il était prévu que le séminaire national soit placé sous le haut patronage du Chef de l’Etat, le co-patronage des présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, la présidence du Premier Ministre et la Vice-présidence des présidents du FPI et du Directoire du RHDP. Après avoir semblé intéressé par le projet, le Directoire du RHDP par la voix de son président Gilbert KAFANA Koné a rejeté le projet.

Au regard de tout ce qui précède, on peut affirmer qu’au plan politique le partenariat FPI/RHDP pour la réconciliation nationale, la cohésion sociale et la démocratie est également un échec.

Le retrait du processus de réconciliation nationale de l’agenda du gouvernement et le refus du RHDP de communiquer à la Nation le bilan de son régime en matière de réconciliation nationale, de cohésion sociale et de démocratie rendent sans 𝐨𝐛𝐣𝐞𝐭 𝐞𝐭 𝐜𝐚𝐝𝐮𝐜 l’accord de Partenariat FPI /RHDP sur la réconciliation nationale, la cohésion sociale et la démocratie.

Le Congrès du FPI doit en prendre acte. Dans les Conseils municipaux et régionaux, les élus du FPI conservent les droits acquis en vertu des accords électoraux locaux et des dispositions légales relatives à l’élection des conseillers régionaux, des conseillers municipaux et des municipalités.

Une contribution de Jean-Bonin Kouadio, Juriste et président de FIER (Fraternité Ivoirienne pour l’Entente et la Renaissance)

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